Le Soufisme (At-tasawwuf) constitue la station de l'Excellence (Ihsân) en islam.



La réalité du Soufisme est clairement formulée dans le célèbre hadith dit de Jibril, où le Prophète (paix et salut sur lui) interrogé au sujet de l’Ihsan, qui signifie l’excellence dans la foi et le comportement, dit : « …c’est que tu adores Dieu comme si tu Le voyais, car certes si tu ne Le vois pas, Lui te voit. » (an ta`buda llah kâ’nnaka tarâhu, fa in lam takun tarâhu fa innahu yarâk).


Les gens du banc (Ahlou As-souffa) qu’on peut considérer historiquement comme les premiers soufis ayant pratiqués les assemblées d’invocations, ont reçu la bénédiction de la révélation :
« Fais preuve de patience (en restant) avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa Face. Et que tes yeux ne se détachent point d’eux, en cherchant (le faux) brillant de la vie sur terre. Et n’obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel (à l’invocation de Dieu), qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier » Coran : Al-Khahf (la caverne), verset 28.

En tout temps, les vrais soufis sont ainsi les amis de Dieu et les élus pieux et vertueux :
Abû Hurayra rapporte que l'Envoyé d'Allah (bénédiction et paix sur lui) a dit: « Allah a dit: Celui qui fait montre d'hostilité envers un de mes walis (amis, saints, élus) Je lui déclare la guerre. Mon serviteur ne se rapproche pas de moi par quelque chose de plus agréable à Mes yeux que l'accomplissement de ce que Je lui ai prescrit et Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par des œuvres surérogatoires au point que Je l'aime. Et lorsque Je l'aime, Je suis son ouïe par laquelle il entend, son regard par lequel il voit, sa main par laquelle il saisit, et son pied avec lequel il marche; s'il Me demande, assurément Je l'exaucerai; s'il cherche prés de Moi asile, assurément; Je le lui donnerai." Rapporté par Al-Bukhârî.


L'Imâm Mâlik Ibn Anas (95-179 H.) a dit à propos du soufisme :
'Celui qui étudie la jurisprudence (tafaqaha) et n'étudie pas le soufisme (tasawwuf) est un pervers (fâsiq); et celui qui étudie le soufisme et n'étudie pas la jurisprudence est un hérétique (zindîq); celui qui allie les deux, atteint la vérité ou est le parfait réalisé (tahaqqaqa).'
[Phrase rapportée par le spécialiste du hadîth Ahmad Zarrûq, par le spécialiste du hadîth 'Ali ibn Ahmad al-'Adawî dans le tome 2 de ses œuvres, par al-Hâfiz `Ali al-Qari al-Harawi et d'autres]

Les maîtres soufis disent en parlant de cette science sublime et subtile qu’est le soufisme:
« le soufisme c'est la station de l'Excellence en islam, il est attachement à la loi divine et il n'est guère miracles ou prodiges, car même des pervers ou des mécréants peuvent avoir des prodiges: la droiture est meilleure que milles miracles »

L'Imâm Al-Junayd al-bagdâdî a dit :
« Le soufisme est entièrement bon comportement, celui qui te dépasse en bon comportement, te dépasse en soufisme »


Pour mieux comprendre ce qu’est le soufisme :

Approche historique

« Le soufisme est la science par laquelle on connaît les modalités du voyage vers le Roi des rois, c’est aussi la purification intérieure des vices et l’embellissement intérieur par toutes les vertus ; ou l’effacement de la créature, qu’elle soit éperdue dans la vision (shuhûd) de la Vérité (Dieu ; Al-Haqq), ou qu’il y ait retour vers le monde manifesté (al-athar) ; son début est science, son milieu action et sa fin don (de la part de Dieu ).(Ahmed Ibn Ajiba Alhasani Almaghribi)

On distingue généralement dans l’histoire du soufisme quatre périodes principales :

* la première est celle du Prophète et des compagnons,
* la deuxième est celle des grandes figures du soufisme tel que « Hassan El Basri », « Rabia Al adawiya », « Al –Hallaj », Al-Jounayd »,etc ;
* la troisième correspond à l’établissement de la doctrine et de la théorie du soufisme ;
* la quatrième période enfin, se caractérise par la propagation du soufisme à partir de son centre Bagdad en Iraq vers l’Iran et l’Inde à l’Est, le Maghreb et l’Andalousie à l’Ouest.


Au delà de l’histoire

La question des origines du Soufisme (al-tasawwuf) n’est pas simplement une question historique. Le Soufisme qui désigne la spiritualité de l’Islam, ou en d’autres termes, la vérité intérieure (al haqîqah) ; n’a d’autre véritable origine, tout comme la loi religieuse (al-shariyah) , que la Prophétie.

C’est pourquoi, le Soufisme, en tant que réalité intérieure, a précédé le nom utilisé d’ailleurs, pour caractériser les pratiques des ascètes des premières générations. Il est dès lors, facile de comprendre les propos de Hujwiri Déclarés en citant Abu al-Hassan al-Fùshunjî (m. 318) : « Aujourd’hui tasawwuf est un nom sans réalité alors qu’il fut une réalité sans nom » ; et Hujwiri ajoute « Du temps des Compagnons et de leurs successeurs ce nom n’existait pas, mais la réalité qu’il désigne était en chacun d’eux. »

Il faut donc bien distinguer entre d’une part, l’essence même du Soufisme et sa doctrine ; et d’autre part ses manifestations historiques et sociales qui ne sont toujours que secondaires.

Le Soufisme puise à la source des Lumières Divines et des Secrets Seigneuriaux contenus dans le Coran ; et sa véritable origine est auprès de Dieu.

C’est la raison précise pour laquelle les Soufis ont qualifié le tasawwuf de Science venant d’auprès de Dieu (‘ilm laduni). Cette science est généralement définie comme un goût (dhawq), c’est-à-dire comme une expérience intime de la proximité de Dieu.

Le bien aimé Prophète (paix et salut sur lui) lui même fait allusion à cette connaissance gustative en disant : « Il a goûté le parfum de la Foi (dhâqa ta’ma al-îman)… » (Muslim, Imân, 11).

Il faut remarquer que ceux, parmi les adversaires du Soufisme, qui pour le nier, évoque la non existence du terme à l’époque du Prophète (paix et salut sur lui), ne se rendent pas compte que le Soufisme en tant que science religieuse, tout comme les autres sciences de la religion (fiqh, tafsir…) n’est que le développement des potentialités inhérentes à la révélation coranique ; et que leur apparition répond à la fois à des besoins de la communauté et au nécessaire déploiement des principes, des sciences et des lumières contenus dans le texte révélé.

Par contre, la réalité du Soufisme est clairement formulé dans le célèbre hadith dit de Jibril, ou le Prophète (paix et salut sur lui) interrogé au sujet de l’Ihsan, qui signifie l’excellence dans la foi et le comportement, dit : « Adore Dieu comme si tu Le voyais, car si tu ne Le vois pas, Lui te voit. » (an ta`buda llah kâ’nnaka tarâhu, fa in lam takun tarâhu fa innahu yarâk)

De façon unanime, les Soufis, mais aussi, les savants considèrent cette excellence qui est de même le degré sublime de la religion (Dîn) comme la station du Soufisme qui consiste à réaliser les Saintes Qualités du Prophète (makarîm akhlâq) et à purifier le cœur de tout ce qui n’est pas Dieu.
Personne n’a mieux réalisé ces nobles caractères prophétiques que les Compagnons du Prophète (S) et ceux de la génération suivante. C’est pourquoi tous les Soufis sont convaincus que les Compagnons étaient véritablement des Soufis, quelle que soit l’origine historique du terme. La composition des traités classiques du Soufisme n’est que l’explicitation écrite d’une expérience et d’une doctrine , pour en expliquer les fondements, les principes, les méthodes et les pratiques spirituelles. Cette explicitation est providentielle car elle répond aussi à des critiques hostiles, tout comme elle éveille des aspirations et des prédispositions à la vie spirituelle chez les hommes qui cherchent les « Séances du souvenir » (majlis al-dhikr) et l’expérience de l’amour spirituel (al-mahabba). C’est cela la raison d’être de toutes les Voies Soufies aux différentes époques, et ainsi que le disait al-Junayd : « Notre voie (madhhab) est lié aux principes du livre (al Qur’an) et de la conduite prophétique (sounnah) » et, «cette science (‘ilm) qui est la nôtre est façonnée avec les paroles de l’Envoyé de Dieu » (Risalat al-Qushayriya)